Bien que récemment reporté, un texte inscrit au Journal Officiel indiquait que les marques qui commercialisent des produits végétaux ne pourraient plus utiliser les termes qui évoquent une origine animale, tels que « steak végétal », « saucisse de pois » ou encore « bacon végane ». Cette interdiction est-elle vraiment utile ?
Dorénavant, on ne pourra plus parler de « steak végétal » ou de « bacon vegan ».
Un décret inscrit au Journal Officiel du 30 juin 2022.
Réclamé notamment par les producteurs de viande, le décret a été inscrit au Journal Officiel le 30 juin dernier. Il stipule qu’à partir du 1 octobre 2022, l’utilisation de termes tels que « steak » ou « bacon » ne sera plus possible pour désigner des produits végétaux, non issus d’animaux. Les marques de la filière végétale avaient donc quelques semaines pour modifier le nom de leur produit, mais aussi leurs emballages et leur stratégie de communication. Cela ne concerne pour l’instant que les produits fabriqués en France, mais la mesure pourrait s’étendre à l’Union Européenne. Début août 2022, l’association Protéines France (qui regroupe les entreprises de la filière végétale), a obtenu un sursis par le Conseil d’État. Ce report doit leur permettre de mieux organiser cette transition naming.
Quels sont les termes qui ne pourront plus être utilisés par les marques ?
Tous les termes qui évoquent la nourriture produite à partir des animaux ne pourront plus être utilisés par des marques qui avaient développé le secteur, telles que Happyvore, La Vie ou Heura. Voici quelques mots qu’il faudra remplacer :
- Lardons
- Boulettes
- Saucisses
- Nuggets
- Bacon
- Chipolatas
- Bacon
- Steak
On ne vous fait pas toute la liste, vous pouvez la retrouver de façon exhaustive sur la page du décret de loi.
Pourquoi ne peut-on plus parler de viande végétale ?
Dans les textes, ce décret a pour vocation d’éviter une confusion chez les consommateurs, qui pourraient se sentir trompés par le manque de clarté des produits qui leur sont proposés. Pourtant, beaucoup mettent en avant l’action de lobbys pro-viande qui souhaitent réduire la montée en puissance de la filière végétale. En effet, depuis plusieurs années, les comportements alimentaires des consommateurs changent. Ils sont attentifs à la provenance de la viande, et réduisent également leur consommation hebdomadaire pour des raisons écologiques. Flexitarisme, végétarisme et veganisme profitent aux marques qui se positionnent sur ce créneau plein d’avenir. c’est le cas pour des marques spécialisées : Happyvore ou La Vie, mais aussi pour des groupes de grande envergure comme Herta. Alors, vraie concurrence déloyale ou excuse bidon ?
Proposer un « steak de soja » ou des « lardons végétaux » : est-ce vraiment une tromperie pour le consommateur ?
Il ne faut pas prendre le consommateur pour un jambon.
Pardonnez le jeu de mots, mais il était trop tentant. Toutefois, il convient de se demander quand même si cette interdiction vise réellement à protéger le consommateur de toute confusion. Il semble aujourd’hui très difficile d’imaginer que le consommateur puisse se tromper entre un produit animal et végétal. D’ailleurs, les marques des deux filières marquent leur différenciation l’une de l’autres avec des codes forts. Par exemple, on utilise souvent le champ lexical de la tradition et de l’authenticité pour caractériser les produits animaux : « cuit au torchon », « poulet fermier » ou encore « façon bouchère ». Au contraire, les produits végétaux mettent en avant des mots comme « végétal », « vegan » ou encore « veggie » pour insister sur le côté « sans viande » de leurs produits. Il y a donc peut de chances qu’un consommateur achète par mégarde des boulettes de pois chiche au lieu de ses boulettes de bœuf.
Certaines marques d’alimentation végétale ont déjà réagi.
En réponse à ce décret de loi, certaines marques ont réagi de façon humoristique. On peut citer la marque Happyvore, qui a détourné le nom de ses produits pour contourner l’interdiction et mettre en avant son côté un peu absurde. Ainsi, les chipolatas deviennent ainsi des « tubes végétaux mi-longs mi-ronds aux herbes de Provence ». Coup de com’ réussi et humour maîtrisé.
Les marques végétales vont devoir se creuser les méninges pour trouver des noms de produits explicites et originaux. Nos équipes de créateurs de noms de marques ont déjà plein de bonnes idées !